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Le développement de l’infosanté

 

L’autorité de la parole du médecin face au patient ignorant n’est plus. Aujourd’hui grâce à internet, chacun a la possibilité de se renseigner lui même sur une pathologie ou un symptôme. En 2011, 15,9 millions de Français ont consulté un site de santé selon Médiamétrie. Internet est devenu un lieu où les citoyens peuvent échanger et lire des informations alternatives qu'ils ne trouvent pas dans les médias traditionnels. Une offre élargie qui séduit de plus en plus : l’audience de ces sites web est parfois considérable et varie entre 1 et 8 millions. Les trois premiers étant Doctissmo (7,9 millions) , SantéMedecine.net (1,8 milions) et SantéAz (1,4 millions ). À leurs côtés, on trouve également sur la toile les sites des associations et des ligues anti-vaccins. Un nouvel espace où la parole est plus libre et où les militants n'hésitent pas à contredire les autorités politiques et médicales. Mais c'est également sur internet, que certains médecins débattent sur la vaccination de masse. Internet, rassemble tous les acteurs de la controverse. 

 

Selon les travaux d’Hélène Romeyer, maitre de conférence à l’IUT de Lannion, « le succès rencontré par les thématiques de santé dans les grands médias de masse et la prégnance des affaires politico-médiatiques liées à des scandales ou problèmes sanitaires, ont fait de ce secteur une cible toute désignée pour ces nouvelles industries du contenu ». Dans le cas des polémiques autour de l’hépatite B ou du ROR, internet est un terrain fertile pour tous ceux qui désirent partager ces points de vue et diffuser des informations vérifiées ou non.

 

Vaccins, le virus internet ?

 

Que se passe-t-il lorsque l’on fait une recherche sur Google avec les mots-clés “danger vaccins” ? Une analyse des cent premiers liens de cette recherche démontre que ce sont les sites d’information généraliste ou plateformes de partage d’information "neutre" qui dominent. Autrement dit, pour cette recherche basique, l’internaute est premièrement dirigé vers des sites non partisans. Ici ce ne sont ni les pros ni les antis qui dominent, et cet exemple précis témoigne d’une certaine “neutralité” de l’internet. Ce média, à qui l’on attache souvent l’image de support de toutes les dérives, ne formate pas un avis. Certes il donne plus de capacité aux lobbies anti-vaccination de s’exprimer, en terme de quantité, mais ce n’est pas pour autant que leurs paroles dominent dans le débat de la controversesur sur le web.

Ce phénomène s’appelle le biais de proportionnalité. Théorisé par Gérald Bronner dans son ouvrage La Démocratie des crédules, ce concept développe l’idée (fausse) selon laquelle : si on observe une hausse des manifestations d’un phénomène - ici le lobby anti-vaccinal- c’est parce que le nombre d’occurences de ce phénomène croit. En réalité, ce sont les outils d’observation, ici internet et les sites d’infosanté- qui s’améliorent et qui en font ressortir davantage. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Focus sur les sites d’associations

 

Après les sites d’information généraliste, internet offre également aux associations un espace de parole plus large, libre et contrôlable que celui des médias. Ici, les associations s’adressent directement à l’internaute. Dans le cas du vaccin, il en existe principalement deux types, ceux qui regroupent les victimes de la vaccination et ceux militant pour une liberté de choix vaccinal. Ces derniers revendiquent plus précisément une liberté de choix, une meilleure information contre les effets secondaires et accusent les vaccins d’un affaiblissement général de l’immunité naturelle. ALIS, l’association liberté information santé se veut médium d’une autre information. Sur sa page d’accueil, elle écrit :

 

“Nombreuses sont les personnes qui s’interrogent sur les vaccinations. Elles n’ont souvent qu’une information en provenance des milieux médicaux ou des autorités administratives qui prônent les vaccins. Faute d’information exhaustive sur l’utilité, l’efficacité et les dangers des vaccinations, les citoyens croient qu’elles sont indispensables et même obligatoires et ils cèdent aux pressions à contre cœur.”

 

“Une démocratisation de la démocratie” pour reprendre les termes de Gerald Broner précédemment cité. C’est à dire la revendication du citoyen à exprimer un droit de savoir, de dire et de s’exprimer. En plus des informations diffusées sur son site, l’association publie une revue trimestrielle Le Courrier d’ALIS. Pourquoi ce choix de garder un support plus traditionnel comme le papier ? “ “Car cela fait partie de l’histoire de l’association” explique Fabien Courtois, délégué d’ALIS. “ Internet n’est venu qu’après”. L’association estime aujourd’hui à un millier son nombre d’adhérents. Sur le site alis-france.com, on y trouve des témoignages, des articles, de la documentation ou encore des pétitions. D’autres associations, comme ALIS, militent pour une liberté de vaccination et sont présents sur internet. Mais comment faire le tri parmi le nombre croissant de ces informations ?

 

L’infosanté échappe à la politique

 

Pour contrer certaines dérives, une Haute autorité de la Santé (HAS) a été créée en 2004. Associée à la fondation suisse Health on the Net (HoN), la plateforme repose sur un système de certification des sites. La présence d’un logo HONCode engage le site à respecter huit principes de transparence : citer les sources, indication de la qualification du rédacteur etc. Est-ce que beaucoup d ‘internautes connaissent ce gage de qualité ? Pas si sûr. Une enquête de l’Inserm publiée en 2007 a montré que “42% du grand public regardent (la plupart du temps) quelle est l’origine de l’information qu’ils obtiennent. ” Comment faire fonctionner cette pédagogie, si le système est quasi inconnu du grand public ? Parfois des sites officiels comme celui de l’INPES ont la certification depuis à peine un an. Une situation qui montre bien le retard et l'inefficacité des politiques gouvernementales sur le sujet. Sur les trois sites de santé les plus lus précédemment cités, seuls SantéMedecine.et et SantéAz ont adopté la certification. Le Doctissimo au 7,9 millions de visiteurs ne l’a pas obtenu.

 

Internet a permis de faire émerger un autre type d’information destiné au grand public. Des informations libres, qui ne reposent pas majoritairement sur un principe de transparence des sources. Ces nouveaux modèles d’informations de santé sur internet échappent aussi bien au secteur médical qu’aux politiques publiques.

 

 

 

Anaëlle Domitien

La virulence sur internet 

Un des espaces vers lequel la controverse s’est déplacée est internet. Avec une facilité d’accès et de commentaires inégalée, les sites en ligne sur la santé et précisément sur les vaccins se  sont multipliés.

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sites d'information généraliste ou plateforme de partage d'informations "neutres"

sites qui développent un point de vue idéologique ou partisan sur différents sujets d'actualité

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sites qui traitent prioritairement de sujets en lien avec l'environnement, l'écologie et la consommation responsable

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sites qui abordent prioritairement des sujets en lien avec la vie familliale, les parents et leurs enfants

sites qui abordent prioritairement des sujets en lien avec la santé

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